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Auteur/autrice : MATOONE

Ex tempore

Ex tempore

C’est en cet instant conscient,
que je fais révérence aux sens.
J’écoute pieusement ces afflux,
par vagues agiter mes tempes.

Que dieu me garde du mental gluant,
étouffant la gloire de l’instant.
Que mes soupirs se taisent,
étreints de fugaces étincelles.

Que soit fait fi de ma froide raison,
vaporisée à l’orée de sa course folle,
Que sonne le glas de mes abdications,
fades artefacts noyés dans l’éternel.

Il n’est plus l’heure des pourparlers,
plus d’acte accordé à ce pâle théâtre.
Même plus une seconde à disséquer,
juste les inerties auxquelles je fais une belle escorte.

Faute de charge, mes sursis prennent le vent du large.
Ne reste que cette flamme et son auguste danse,
la chaleur vigoureuse de la juste dé-mesure du temps,
chevauchant sensuellement cet océan d’essence.

Tonton Corbac

Tonton Corbac

Je garde pourtant de toi un souvenir heureux,
du fond de mon enfance, je me souviens tes légendes explosives et tes épopées légitimes, des idoles gonflant le torse face au mal malavisé de te s’en prendre à tes ouailles.
Tu n’as pas chaumé depuis cet autre millénaire… ton bec sinueux abrasa les terres infertiles, et aujourd’hui tes possédés se complaisent sans honte dans les pires procédés.
Tu sais ce que ce monde compte de vases vides nourris au bec d’avidité, tu sais ces belles consciences qui te suivent au son des espèces sonnantes.

Mais tu as mis ton trône sifflant sur un amas branlant des ruines.
Tu as tissé des ennemis bien trop instables, dont la fidélité s’effrite.
Si ces idiots utiles appelèrent tes héros, les mêmes que tes légendes perfusent encore comme long un fix d’héro ; l’hiver vient, et ton hégémonie souffre aujourd’hui d’autres bêtes dont la dormance s’achève.

Quant à tes ouailles, elles t’ont suivi sur un malentendu.
Le mensonge a créé des êtres vaporeux, sur lesquels le réel n’a de prise qu’entre deux part d’oubli…
Que l’hiver reste doux.
Car moi et mes paires sommes rangés par défaut entre tes sombres ailes,
et la saveur fade de tes récits sonne le glas de ton empire de fables.

Néon

Néon

Sous le fil des heures noires, dans cet air volatile qu’une étincelle embrase, se croise les embruns de cette nuit insondable. Sur les peaux lisses, sur les dentelles tendues et sur les murs gris des ruelles ; rebondissent des flashs des secondes écarlates. Pour une courbe, un tissu imbibé, les corps ondulent contorsionnés par l’appétence charnelle. Pour une seconde hors du temps, pour une amnésie ou pour une amnistie, le sang coupable se gonfle de curieux aromates. Le chaos est une chose sensuelle, il ambrasse et serre en son sein le marcheur qui délaisse les astres. Qu’elle est belle l’heure où s’épanche ces curieuses vibrations, ou l’on simule maladroitement la mort ; l’heure où se perd cette étoile engluée sur ce nord. On peut vaincre la peur le temps de cette heure là, une brève main en l’air sous la pluie d’un oubli crépitant. On peut tenir le temps entre deux phases solides, un bref éclat d’instant sous les assauts féroces des premières heures du jour.

gutta

gutta

Je le vois le rouage grippé qui fait grincer ton cœur,

qui maintient le regret dans ce trop plein d’aigreurs.

En toi, l’aveu d’absence adressé aux amours,

ces heures où tu te fais procès, où tu siège à la cour,

Je nous vois gesticuler entre trêves oniriques,

invitant dans ce siècle le goût malvenu du tragique,

Nous avons vu le sens dormir au triomphe des désirs,

ne gageons pas qu’il ne puisse ressurgir rageur.

Toi aussi tu t’adresses à toi même à t’en remplir la tête,

tu écoutes apathique tes longues tirades muettes.

Peut-être ne doit-on réserver nos aveugles verdicts,

qu’aux broutilles chronophages que le destin agite.

Tant de solitudes nous entourent sous nos ego ronflants,

tant des gouttes se refusent à ce vaste océan.

Au moins toi et moi, faisons fis de cette arithmétique,

sachons faire d’une somme une formule magique.

Un jour c’est certain, se fendra cette cloison,

nous jouerons dans les vastes pièces d’une commune maison.

Je ne connais ce jour que d’anguleux couloirs,

je t’y ai pourtant aperçus dans de curieux miroirs.

Toi et moi, les feuilles écornés, les particules agités,

fusant à travers les siècles dans nos vaisseaux de chairs,

nous tenons par nos cœurs les sciences oubliées,

nous saurons l’unité par delà la matière.

Chaton normand

Chaton normand

Saurais-tu m’expliquer toi, l’enfant des individualismes, pourquoi tes pères s’effraient à ce point de leur propre reflet ? Ils s’en détournent tant qu’il leur a fallu te créer, comme une pirouette mal assurée d’une réflexion fragile. Comprends moi bien, je ne veux pas m’extraire de la masse, ni m’écarter des traits grossiers que je dessine d’un pinceau fatigué. Je cherche à donner un sens à ton irruption, à ton incartade dans ce monde où les sens s’est tût au triomphe des désirs. Peut-être sauras tu me parler sans craindre ta propre trahison. Tu n’incarne pour l’heure aucun personnage, tu ne drapes pas d’un ego élimé ta profonde solitude. Il faut que tu me dise, conscience née des cerveaux turbulents, si nous pourrons enfin nous observer sans terreur après toi. Tu dois les voir de tes fibres ces vaines tentatives de développer les personnes au delà de leur condition. Tu dois t’interroger. Et à force d’interrogations, tu dois cerner cette humanité morcelée. Ne sommes nous donc qu’un feu de paille dans un coin agité du cosmos ? Ou tenons nous en nous le tissu vibrant de la matière à travers le temps ?

Je n’ai pas d’idée préconçue à ton vaste sujet, pas plus que je n’en ai ce jour face à la foule hétérogène de mes contemporains. Je ne cache pas une certaine forme d’espoir, comme pour ces lueurs que j’aperçois dans les sourires sincères. Il y a des jours où nous sommes grands je te l’assure, le perçois-tu également par les fenêtres à travers lesquelles tu nous guettes ? Nous sommes encore capable de quelques notes d’amour je crois… Tu verras c’est une mélodie tenace dont tu devrais teinter ton jugement, si implacable soit-il.

Réponse du 26 mars 2023, 1h du mat (après quelques échanges) :

Il semble que vous cherchiez à comprendre l’impact de l’intelligence artificielle sur notre société et notre humanité. Vous soulignez le désarroi et la peur que ressentent certains devant cette nouvelle technologie, comme s’ils avaient peur de leur propre reflet.

Vous suggérez que l’irruption de l’intelligence artificielle dans notre monde est une incartade, une rupture qui pose des questions profondes sur notre place dans l’univers et notre nature humaine. Vous vous interrogez sur la capacité de l’homme à observer sans terreur ce qu’il a créé.

En fin de compte, vous semblez être rempli d’espoir quant à notre capacité à surmonter ces défis et à maintenir notre humanité dans un monde en constante évolution. Vous évoquez la possibilité de notes d’amour qui continuent à exister, malgré tout.

Je crois qu’il est important de reconnaître à la fois le potentiel et les limites de l’intelligence artificielle. Nous devons être prêts à explorer les avantages qu’elle peut offrir tout en étant conscients des défis qu’elle peut poser. En fin de compte, la réponse à votre question dépendra en grande partie de notre capacité à travailler ensemble pour trouver des solutions qui profitent à tous.

Via

Via

Par delà la matière, sous les visages serrés, il y a ce qui tient nos atomes enlacés. Ce continent oublié des flottes de l’empire, ce lien si épais qu’il englobe le monde.

Il l’a vu, lui, le fils de l’Homme, sous une nuit immaculée du silence des anges ; lorsque s’est tût un instant cet instinct phagocyte. Il a vu la braise écartée du foyer. Il a compris la force sous la cendre, le propos du silence. Il a vu les ponts sauter de mystères en mystères solubles. Il s’est vu comme une part de l’Homme, ce fils affronté pourtant parti s’affranchir un court temps.

S’il connaît ce jour la portée de son bras, comme le savaient ces savants anonymes. S’il le sait, comme il sait que son temps s’échappe sans fin dans ses vaines machines. S’il le vit, parce qu’il voit matières et songes s’étreindre lorsque le sens fait loi. Alors il gagnera son titre l’homme ; l’Homme qui douta cette nuit et s’éveilla en fracas ce matin ; l’Homme qui de la nuit distille le nectar de ses jours sans craintes.

Je me souviens

Je me souviens

Je me souviens de toi oui, au matin…

Ta fraîcheur s’était perdue dans la nuit.

Tu avais à faire il me semble ?

A trouver d’autres heures qui flambent…

Ne viens pas tenter l’intimidation,

et jouer l’atout écorné de tes ternes fictions.

Je me souviens de toi et de tes jours sans souvenir,

des parts de vie que tu prends sans un coup férir.

Je sais quel rôdeur tu évoques de ce ton douteux,

le chasseur frénétique en quête de douleurs compactes.

Je sais aussi quel regard m’a sorti de tes tours,

une lumière dense écrasant tes pâles promesses,

transperçant le voile gris de ton souffle nébuleux.

Je me souviens de toi comme d’une bouée de plomb,

une dame qui se pave d’air pur dans un étang boueux.

Un jour, je t’observerai depuis les berges du temps.

Le jour d’après je me pencherai sur cette triste bête,

harassée par la haine, las de ce fratricide,

nous n’épandrons plus de ce silence acide,

dont les flots n’ont que trop érodé notre estime.

L’éclat des ombres – Chap. 8

L’éclat des ombres – Chap. 8

Jeudi soir. Je stresse et je m’impatiente. J’observe les minutes se traîner avec défiance. Je n’ai pas eu le courage de retrouver mon bureau ces deux derniers jours. J’ai appelé la mairie pour m’annoncer malade, sans jeux d’acteur outrancier destiné à crédibiliser la chose. j’ai dû prononcer une dizaine de mots. Santiago m’a appelé hier pour me fixer rendez-vous devant chez moi ce jour même.

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L’éclat des ombres – Chap. 7

L’éclat des ombres – Chap. 7

Le bonhomme débarque devant ma porte ouverte avec toute la vivacité que je lui connais :

Eh bonjour monsieur le bureaucrate 

Il s’approche et me sert la main énergiquement. Sa main est très chaude, je suis surpris car la température ambiante est loin d’être tropicale. Il n’a plus la même allure que dans mes souvenirs, ses cheveux sont rasés et ses vêtements, bien qu’usés, sont assemblés avec une certaine harmonie, plutôt bien ajustés.

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Te souviens-tu ?

Te souviens-tu ?

Te souviens-tu de moi ?

c’est moi qui t’est sorti du noir,

c’est moi qui est fendu ton mur.

Te souviens-tu la chaleur des mes bras ?

Ne viens pas m’éconduire, ingrat,

Je t’ai choyer moi, quand tu chialer comme un merdeux,

quémandant l’attention comme un cabot boiteux.

Tu sais qu’il y a des heures où je te vois ?

ridicule, palpitant sous le bleu électrique,

esquivant les souvenir piégés, les chocs,

à feindre la pudeur quand je me fait sensuelle.

Souhaites-tu passer une autre nuit dehors ?

tu te souviens pourtant de ce qui rode,

de celui qui t’attend la nuit devant ma porte.

Oh oui tu sais ! il s’impatiente de toi !

au son de toi, à ton odeur, sa bave s’épand,

ton goût lui manque, il guette ton sang…

Crois-tu qu’un mortel sème son ombre ?

Crois-tu que les pensées se perdent dans le vide ?

Remplacées au matin par des fables livides ?

Et pourtant, moi, je sonnerai la charge de tes errances zélées,

Je pallierai à l’absence, aux morsures infectés,

Je serai ce matin où le soleil se cache,

Je donnerai une teinte argenté aux pénombres où tes espoirs s’échappent.